Ce poids dont je n’ai plus besoin
Les trois dysfonctionnements ou réactions « vigipirates » que je rencontre le plus dans mes accompagnements sont :
- Les troubles du sommeil
- L’anesthésie émotionnelle et affective
- La prise (et rétention) de poids
Aujourd’hui je souhaite vous partager un témoignage personnel sur la question « du poids ».
Depuis l’âge de 15 ans, j’ai, en raison d’un léger handicap moteur, un poids maximum recommandé. Il a légèrement évolué avec le temps, au fil de la reprise musculaire et de l’autonomie que j’ai pu retrouver grâce à différentes approches de travail corporel et à ma pratique. Maintenir le poids requis n’était pas problématique, ni contraignant – hors grossesses – (pourtant, j’adore manger !), jusqu’au jour où, à la suite d’un changement dans ma vie privée, je me suis rendue compte que j’avais des troubles du sommeil post traumatiques. J’ai donc travaillé dessus, mais dès que mon sommeil à commencer à se réguler, j’ai connu une prise de poids subite et résistante. J’ai alors tenté de temporiser le poids et là, je me suis mise à me lever plusieurs fois par nuit pour aller au petit coin… le message a eu le mérite d’être clair : si le trauma à l’origine du mode de vigilance n’est pas guéri, le corps trouve toujours une nouvelle parade pour se rassurer. J’ai donc arrêté de me focaliser sur les réactions, symptômes et inconforts, pour revenir sur l’évènement – à la fois lié à mon handicap et à l’origine du trouble du sommeil – qui avait visiblement laissé des traces profondes dans mon corps et mon cerveau*.
A l’époque, remarcher et récupérer physiquement avait été la priorité. Les aspects émotionnel, énergétique et spirituel n’avaient pas été intégrés à mon parcours médical. Par la suite, j’ai travaillé l’évènement en lui-même, sans que le lien avec le sommeil apparaisse. C’est grâce à mon parcours chamanique que j’ai tout à coup réalisé que les troubles du sommeil étaient liés à cette période.
Lorsque le poids s’est invité, c’était étonnant de voir à quel point il était ciblé sur des zones très spécifiques de mon corps, en particulier celles qui avaient été endommagées. J’ai donc écouté ce qu’elles avaient à me dire, afin de savoir ce que j’avais besoin d’accompagner et de guérir à ce stade de ma vie.
Je constate, durant les séances et ateliers dédiés avec mes clients, que chaque corps a ses propres raisons et sa zone de poids privilégiée : des hanches en souffrance de maternité non abouties, des intestins qui protègent l’enfant intérieur, des membres qui se remplissent pour ne laisser place à aucun intrus, des zones qui retiennent un passé regretté/des souvenirs/des substances, des torses qui s’enrobent d’une carapace venant cacher ce qui est vulnérable ou ce qui a peur d’être vu, des corps qui se remplissent pour combler le vide, apaiser un manque, consoler, compenser. Chaque histoire est différente. C’est pourquoi il est important de revenir vers soi pour pouvoir comprendre et identifier ce qui est à l’origine du symptôme ou de l’alerte. Et d’être bien accompagné, car les résistances qui nous protègent indiquent une souffrance cachée qu’il ne faut ni prendre à la légère ni aborder en force.
Nous pouvons parfois être à saturation ou découragé(e)s par des modes de vigilance qui peuvent causer des problèmes de santé récurrents. C’est pourquoi il est important de se rappeler qu’au départ ils sont une réaction et une protection qui parlent de nous. Il y a beaucoup d’amour dans nos modes de vigilance en réalité. C’est pourquoi je vous/nous invite à aller rencontrer la part qui leur a donné naissance et qui a peur de les laisser partir : qui est-elle, de quoi a-t-elle besoin pour être à la fois rassurée/apaisée et en capacité d’archiver cet épisode traumatique pour de bon ?
NB : J’ai déjà partagé plusieurs articles sur la nécessité de prendre en compte toutes les dimensions de notre être dans notre chemin de guérison*. Si les troubles sont des manifestations émotionnelles qui résistent malgré les traitements et accompagnements médicaux/thérapeutiques, c’est le trauma initial qui a besoin d’être traité – ou (re)travaillé plus en profondeur. Si le trauma à l’origine du fonctionnement a été oublié, notre corps reste notre meilleur guide et le meilleur baromètre de nos avancés. Il arrive aussi qu’il y ait des « ramifications » à un dossier : il faut parfois avoir déjà digéré et mûri un premier accompagnement pour être capable d’aller au cœur d’un épisode douloureux de notre existence.
Une personne m’a percutée un jour avec ces mots : L’être humain n’aime pas la perte. C’est pourquoi je ne parle pas de «perdre du poids », mais de « libérer le poids dont nous n’avons plus besoin ».
J’ai alors longuement médité avec cette phrase : « de quel poids ai-je besoin de me libérer ? »
Et des mots ont jailli de l’intérieur : le poids des ans, le poids des regards, le poids des agressions, des abandons, des trahisons, le poids des obligations, le poids de mes jugements, la masse douloureuse de mes airbags et protections anti intrusion, le poids de mes insécurités, de ma honte, du mensonge, le poids de mes enfermements et de mes errances intérieures. Voilà le poids, voire même les eaux stagnantes, qui pèsent sur les membres accidentés de mon corps.
J’ai ritualisé, beaucoup, ressenti et accueilli ce qu’il restait de chagrin, rage et désarroi non exprimés, bloqués/coincés, dans les tissus de mon corps. Je leur ai laissé l’espace et le temps nécessaires pour se déposer, se rassurer, se pacifier. Je les ai dansés, enlacés et soignés, avec l’aide d’autres disciplines aussi. Je me suis ouvert les bras pour me réunifier davantage… et me délester du poids du passé. Je remarque que le sommeil s’est harmonisé de lui-même, et en premier, durant ce process 🙏.
Et vous, de quel(s) poids avez-vous besoin de vous délester ?
Taïs Roshem
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*Articles complémentaires évoqués :
Mes traumas, mon cerveau et moi https://taisworld.net/blog/et-si-on-rentrait-partie-4
Quand les maux du corps nous guident https://taisworld.net/blog/et-si-on-rentrait-partie-2
Comprendre le recouvrement d’âme https://taisworld.net/blog/et-si-on-rentrait-partie-3